Contre la rente, mais pour la propriété !

Comme le tweet ci-dessous l'indique, cette émission de la mi-journée de la Grande Table pose plusieurs questions autour d'une même problématique : pourquoi est-il si difficile de se loger dans les grandes villes ? Les deux intervenants Robin Rivaton et Emmanuel Dockès apportent d'utiles éclairages…


Certes, ils s'avèrent imprécis, lorsque le premier définit trop étroitement le lien économique entre métropolisation et tertiarisation, trop historiquement la naissance de la métropolisation dans les années 1960 (*), ou quand il associe le phénomène urbain à une pénurie (quasi naturelle ?) du foncier. Bien au contraire, on observe l'impact d'un urbanisme opérationnel [rappelons l'écart entre le Grand Londres - 1570 km² - et la commune de Paris - 105 -] dont les effets se font sentir à court ou long terme. Assez curieusement, ni l'un ni l'autre ne s'attardent sur la notion de bulle à propos de la flambée des prix de l'immobilier dans les métropoles évoquées.

Mais l'intention louable compte bien davantage que les erreurs commises. RR et ED alertent sur les conséquences d'une métropolisation non combattue, idéalisée parfois; au point qu'elle suscite le rejet chez tous ceux qui la considèrent néfaste
  • produisant un éloignement (= non choisi) des centres-villes, 
  • couronnant la fracture générationnelle entre actifs accédants et retraités rentiers, 
  • … et - enfin - produisant un risque de déstabilisation sociale (inégalités = processus révolutionnaire)
Chacun pourra écouter les deux intervenants sur leurs propositions concrètes. Elles touchent à l'imposition du patrimoine et du foncier. Le sujet est si sensible que l'expression de mon opinion (de non-économiste) n'apporterait pas grand chose au débat (**). En revanche, il me semble que l'idée de pénurie du foncier constructible pourrait être utilement combattue par le rappel de son caractère relatif. 

Réviser les règles du droit à bâtir permettrait de changer les perspectives : si les densités du Grand Londres approchaient celles de Paris, la capitale anglaise pourrait contenir… 31 millions d'habitants; elle n'en compte qu'un tiers ! De même, la réalisation du Grand Paris - aujourd'hui repoussée dans le temps - s'avèrera positive si et seulement si les communes de la première couronne francilienne acceptent le niveau de densité de la commune-centre (***). Le droit collectif d'expropriation (avec indemnisation négociée) d'une municipalité permet de garantir à la fois la pérennité du droit individuel, la propriété des citoyens et la croissance de la population; dans le cas contraire, la ville dépérit ou risque le chaos social...  

Affaire à suivre !

[9 mai] Je signale à cette occasion que Bernard Devert, prêtre lyonnais fondateur de l'association Habitat et Humanisme, a écrit dans le journal Ouest-France une tribune percutante. Il met en corrélation le développement des métropoles (Paris, sans la nommer totalement) et l'affaiblissement des villes moyennes. Pour lui, cette catastrophe se produit avec l'aide de la puissance publique qui finance les grandes infrastructures de transport, les pôles universitaires, les centres artistiques et/ou culturels; le tout sous couvert d'efficacité et d'harmonisation. Bernard Devert s'appuie plus précisément sur les cas de Montluçon - dont il rappelle la véritable saignée démographique (- 20.000 habitants en un demi-siècle) et Nevers frappée par l'effondrement du marché immobilier...


(*) Il y a ici manifestement chez RR une confusion entre métropolisation (phénomène né de la révolution industrielle) avec ce que l'on pourrait appeler la révolution patrimoniale : née après 1962 de la loi Malraux (en France), et de la volonté affichée par les pouvoirs publics de distribuer des aides aux particuliers préservant les immeubles et maisons dans les centres-villes historiques. Le retour des classes aisées en coeur d'agglomération en résulte (boom des prix et amélioration des temps de transport, au contraire de ce que l'on observe en périphérie) mais ne crée pas le fait métropolitain !

(**) Je pressens un certain irénisme au sujet d'une politique qui promouvrait la baisse des prix de l'immobilier. Celle-ci ne peut être présentée comme envisageable alors qu'elle va à l'encontre des intérêts bien comptés d'une partie du corps électoral : les rentiers, précisément…

(***) Dans un post précédent, je cédai au pessimisme en décrivant une confirmation géographique du mouvement de métropolisation : augmentation forte des prix en seconde couronne francilienne et rejet à plus de 100 kilomètres de Paris des foyers les plus modestes

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